A segunda é a alma que tem uma relação directa com o mistério do V Império. A segunda alma nasceu com o começo da segunda dinastia, e tem sido apenas superficialmente referida entre a acção e o seu fim - trágico e divino - desta dinastia. Desde a batalha de Álcacer-Quibir, em que o Rei Dom Sebastião perdeu a vida e com ela a independência de Portugal. Ora, como ele não podia morrer, porque eterno a sua morte só pode ser irreal. Como de um símbolo se tratava, Dom Sebastião não podia morrer. Por isso, a alma portuguesa tornou-se subterrânea. Sobre o que Fernando Pessoa entende ser a Segunda Alma Portuguesa, nada melhor do que ler a carta que escreveu ao conde de Kaiserling, em muito bom francês.

Lettre au Comte de Kayserling



Lisbonne, le 20 Avril 1930.


Monsieur le Comte

Cette lettre est à la fois une information et un avertissement.

Vous êtes venu au Portugal pour comprendre - nous aurions préféré que ce fût pour concevoir - l’âme portugaise. Vous êtes-vous muni de la préparation illogique pour le faire ? Il aurait suffi que vous vous eussiez muni du concept de l’âme comme triple. Ce concept - commun aux platonisants et aux kabalistes, comme à d’autres - peut être faux en soi-même ; il vous aurait pourtant servi de méthode, et vous auriez pu concevoir le Portugal en vous en servant.
Quel Portugal croyez-vous avoir vu ? Quel Portugal croyez-vous avoir pu voir ? Il y en a trois, et tout est là. L’âme portugaise - quoiqu’il en soit de l’âme humaine en général - est triple, et vous ne pourrez la comprendre qu’en les comprenant. Nous dirons mieux : vous en pourrez comprendre deux - la première et la troisième ; la seconde, qui est celle qui a créé, par symbole anticipé, le monde moderne, et qui est grosse déjà du contenu inexprimé dont cette création matérielle n’a été que l’ombre devançante, vous échappera à ce moment. Nous vous avertissons, toutefois, qu’elle ne vous échappera pas toujours. Ce n’est pas encore l’heure, et l’ordre na pas été donné encore. On peut, cependant, sans blesser la sensibilité de l’ombre, vous donner une information superficielle et vous souligner un avertissement à comprendre à l’avenir.
Il y a trois Portugal. L’un est né avec le pays même : c’est cette âme de terroir, émotive sans passion, claire sans logique, énergique sans synergie, que vous trouverez au fond de chaque Portugais, et qui est vraiment un reflet miroitant de ce ciel bleu et vert dont l’infini est plus grand vers l’Atlantique. Le troisième Portugal, que vous trouverez à la surface des Portugais visibles, est celui qui, depuis la courte domination espagnole, et durant tout le cours inanimé de la dynastie de Bragance, de sa décomposition libérale, et de la République, a formé cette partie de l’esprit portugais moderne qui est en contact avec l’apparence du monde. Cette troisième âme portugaise n’est qu’un reflet de l’étranger mal compris ; elle suit la civilisation comme un enfant suit l’étranger qui passe, par une hypnose, non de l’homme, mais seulement de sa marche.
Vous vous êtes trouvé en face de cette troisième âme portugaise ; elle contient, à sa façon, des intelligents et des entendeurs. Vous l’aurez vue ; vous ne l’aurez pas comprise, car il n’y a là rien à comprendre. Quant à la première âme portugaise, si votre intuition est subtile, vous l’aurez devinée ; peut-être l’aurez-vous même déduite du paysage et de la lumière, plutôt que vous ne l’aurez apprise dans les âmes mêmes. Dans tout cela, vous aurez bien vu, mais vous n’aurez vu que le visible. Le Portugal essentiel - la Grande Âme portugaise, dans toute sa profondeur aventureuse et tragique - vous a été voilé. Ce n’est pas le but de cette lettre de vous le dévoiler, car « le temps n’est pas encore », mais seulement de vous avertir qu’étant arrivé aveugle, vous partirez sans avoir rien vu.
Ecoutez... Il y a une seconde âme portugaise, née (ceci n’est qu’une indication chronologique) avec le commencement de notre seconde dynastie, et retirée de la surface de l’action avec la fin - la fin tragique et divine - de cette dynastie. Depuis la bataille d’Alcacer-Kibir, où notre Roi et Seigneur DON SEBASTIAN a été atteint des apparences de la mort - n’ayant été que symbole, il ne lui était pas possible de mourir -, I’âme portugaise que vous chercherez en vain est devenue souterraine. De par là elle est devenue vraie, car son origine a été souterraine aussi, et elle nous est venue d’anciens mystères et d’anciens rêves, d’histoires contées aux Dieux possibles avant le Chaos et la Nuit, fondements négatifs du monde.
Cette âme portugaise, héritière, par des raisons et des irraisons qu’il n’est pas légitime d’expliquer encore, de la divinité de l’âme hellénique, s’est fortifiée dans l’ombre et dans l’abîme. Autrefois, elle a découvert la terre et les mers ; elle a créé tout ce que le monde moderne possède qui n’est pas antique, car les deux autres éléments du monde moderne (la substitution de la culture hellénique à la demi-culture latine, œuvre de la Renaissance italienne, et l’individualisme, œuvre de la Reforme et de la Révolution anglaise) sont des éléments obtenus par une transposition de différents éléments des anciennes religions et civilisations : ils ne sont pas créés de toutes pièces, comme l’océanisme, l’universalisme et l’impérialisme à distance qui ont été les résultats consciemment produits du premier mouvement divin de l’âme portugaise, du second stade de l’Ordre secret qui est le fonds hiératique de notre vie. Mais la seconde âme portugaise n’a créé toutes ces choses que dans l’enfance de sa force, dans l’adolescence de sa mission transcendante.
Elle arrivera bientôt au deuxième jour de sa manifestation, et l’on verra alors que ce qui a été aventure matérielle, conquêtes de côtes, de pierres, de sables, deviendra une aventure formidable, surréligieuse, passée dans ce No God’s Land qui est entre l’Homme et les Premiers Dieux. Ce ne sera pas encore l’Aventure Définitive, la conquête promise du Ciel de Dieu ; cela ne commencera qu’à 200 ans d’ici, selon l’indication donnée et la volonté qui a été donnée pour que cette indication puisse être une prophétie.
Nous vous écrivons cette lettre à ne pas comprendre, parce que vous la comprendrez un jour, et ailleurs. C’est tout. Nous vous avons dit que cette lettre serait une information et un avertissement. Nous n’avons pas dit qu’elle serait une explication. Vous avez devant vous tout ce qu’il est permis, à ce moment, de vous dire.
Si vous jugez que cette lettre est une lettre de fou, comprenez que cela nous est indifférent. Le contraire, du reste, nous est également indifférent.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Comte, l’expression de notre sympathie intellectuelle.

O. S.

Note
Lettre publiée avec l’aimable autorisation de Pedro Teixeira da Mota A grande alma portuguesa éditée aux éditions Manuel Lancastre.

In http://fernando-pessoa.com/cgi-loc/tpl.cgi/oeuvre/lettre_kayserling.htm
Segundo Fernando Pessoa, qual é a religião em que se fundamenta, em geral, o V Império?
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